lundi 16 juillet 2012

faut-il supprimer le 15 août ?


Les DRH veulent supprimer les jours fériés qui correspondent à des fêtes catholiques.

Pékin, Chine, juillet 2008.
Je suis dans la rue, au milieu d'une marée de vélo. Une femme se fait pousser par un motard sur le croisement entre deux routes, et tombe sur le carrefour, à côté du passage piéton. Le motard voit ce qu'il a fait, se retourne, et file sans demander son reste. Il y a probablement des gens comme ça partout, pas de quoi en faire un flan. Par terre, elle hurle en chinois, et a l'air d'avoir mal. La marée passe, imperturbable. Une quinzaine de vélos arrêtés sur la route perpendiculaire, à trois mètres d'elles, regardent la scène avec un intérêt non dissimulé. Une vingtaine de piétons passent à moins d'un mètre d'elle, la regardant ostensiblement. Plein d'autres gens regardent du trottoir. Et elle de continuer à hurler qu'elle a mal. Je regarde la scène pendant d'interminables secondes pendant lesquelles rien ne se passe, puis pose mon vélo sur le côté, l'aide à se relever et on claudique ensemble jusqu'au trottoir. Tout le monde s'attroupe pour entendre l'histoire. Je suis perdu, je ne comprends rien. A ce qui vient de se passer, et à son flux de parole qui n'a d'égal que le nombre de gens qui ont assisté en purs spectateurs à cette histoire. Un petit vieux me tire par la manche et me dit que c'est bien ce que j'ai fait, et qu'un Chinois ne l'aurait jamais fait.
En Chine, le « aime ton prochain comme toi-même » n'est pas dans la culture. La culture de la famille (et l'amour dans la famille) est peut-être plus poussée que chez nous, mais hors de la famille, des amis et des collègues, l'homme n'est qu'un étranger. Pas un « prochain ». Presque pas un homme. Donc pas digne de compassion.
La morale de cette histoire, c'est que nous sommes en France dans une société profondément chrétienne. En France, quand quelqu'un tombe, le minimum syndical, c'est de faire semblant de ne pas avoir remarqué... A défaut de démontrer un altruisme sans faille, ça prouve qu'il reste quelque part une petite voix qui nous dit que nous nous devons à l'autre. Une intuition du message du Christ qui dit à chacun (même aux inconnus que nous croisons) « tu as du prix à mes yeux et je t'aime » (Is 43,4). Cette petite voix est peut-être faible, comme est faible notre courage devant la souffrance des personnes qui croisent notre route. Mais cette petite voix faible, partagée par toute une société, elle a de la valeur. Une grande valeur. Pour être déjà tombé à vélo en France, il n'était pas passé trois personnes que deux passants se sont arrêtés pour m'aider... Alors que je n'avais pas été poussé, que j'étais à un endroit sans danger, et que j'allais bien.
Renier nos racines chrétiennes, c'est manifester l'envie de faire taire cette petite voix. Cette intuition de la vérité profonde du message du Christ à laquelle même les non-croyants, ici, adhèrent. Supprimer les jours fériés qui correspondent à des fêtes chrétiennes, c'est manifester l'envie de jeter la boussole qui nous guide. Même sans comprendre le phénomène physique, on peut apprécier l'utilité d'une boussole. Même si nous ne croyons pas tous en Dieu, reconnaissons donc que notre société a besoin d'adhérer au fond du message chrétien. Assumons notre culture chrétienne.


Et pour les chrétiens qui ne sont pas des DRH, on peut commencer par souhaiter à nos collègues un « joyeux Noël » au lieu de « bonnes fêtes », de joyeuses fêtes de Pâques plutôt qu'un « bon week-end », voire même (plus difficile) une bonne fête de l'assomption plutôt qu'un « à jeudi »...